

FRANÇOIS CAUSSE A CRÉÉ LA BANDE ORIGINALE DE “JE NOUS SOMMES VUS” ET DE QUASIMENT TOUTES LES MUSIQUES DES PRODUCTIONS DE LA MAISON GARAGE.
Dans sa grange à instruments, timbales, vibraphone, hang, carillons, et câbles de toutes sortes… Des badges de concert pendus aux poutres. De Percy Sledge à Wasis Diop en passant par Bashung, Thiéfaine ou Didier Lockwood. Depuis plus de 35 ans, François Causse joue avec la fine fleur de la scène française et internationale.
La musique, pour lui, c’est d’abord la guitare en Polynésie, où il est né et a passé une partie de son enfance. “Un Tahitien jouait tous les soirs de la guitare… on chantait avec lui”. De retour dans l’Hexagone, ça sera “cours de guitare classique” au Conservatoire de Strasbourg. “Mon professeur était affreux, il passait son temps à me limer les ongles. Et puis je voulais jouer des chansons. Bref, j’ai été dégoûté !” Au sous-sol de l’école, battent les Percussions de Strasbourg. C’est le déclic ! “Je voulais absolument faire des congas. J’ai changé de cours. J’en ai acheté d’occas’. J’étais le premier à en avoir à Strasbourg”. Un jour, Bernard Lavilliers, en concert, cherche des congas pour un de ses musiciens. Le jeune François lui prête les siennes. Il est invité au boeuf d’après-concert. Il n’a que 15 ans. “À partir de là, dès que Lavilliers venait en concert à Strasbourg, il m’appelait. On a fait de la scène ensemble pendant 1 ou 2 années”.
S’enchaîne un tourbillon de rencontres, de hasards, de concerts. Remplacements dans les grands ensembles classiques d’Alsace, séjour en Angleterre avec le groupe Gong, puis installation à Paris, rencontre avec Hugues Le Bars, débuts de la musique électronique… Le nom de cet artiste n’évoque peut-être rien au grand public. Pourtant, ses compositions ont durablement marqué cinéma, télévision et radio pendant 30 ans. L’un des tubes de ce multi-intrumentiste versaillais reste “Bébé funk” et son célèbre “poum tchak” utilisé pour le générique de l’émission “La Grande Famille” de Jean-Luc Delarue dans les années 90. Les plus jeunes connaîtront le générique de la série “Oggy et les cafards”. François Causse enchaîne : “À l’époque, on s’est retrouvés, avec Hugues, à enregistrer des trucs sur bande magnétique. On faisait de la musique un peu bizarre. On a bossé sur un ballet pour Béjart. De là, on a fait pas mal de choses ensemble pour Cousteau, Rykiel, Gaultier…”.
“La première pub dont j’ai composé la musique, c’est Gilles [Elie-dit-Cosaque] qui la réalisait. J’ai tout de suite craqué sur ses idées, sa façon de manier les images. Il m’a beaucoup aiguillé sur la musique. C’était ma première pub, je ne voulais pas me rater. Commence alors une longue série de collaborations, d’abord des pubs puis les projets plus personnels. “Kamo” tout d’abord en 2001, mais aussi FDF-RMX où François improvise la musique en réponse aux images montées et mixées par Gilles. Le tout en direct devant du public.
Le grand projet de sa vie musicale : les robots percussionnistes. “C’est l’histoire d’une rencontre dans les Cévennes, avec un sculpteur, Alain Milon. Un soir de délire, on décide de faire des machines qui joueraient toutes seules sur des percussions bricolées. Notre objectif : le “Spectacle total” : un concert de machines qui jouent en autonomie, en extérieur et sans électricité et uniquement sur les Causses, dans les Cévennes, un endroit où l’acoustique est géniale, notamment dans les cirques naturels de la région. Pour l’instant ce “Spectacle total” n’a pas encore été fait mais ça se fera !”
1983, première sortie publique de ses machines lors d’un concert de Charlélie Couture. 1987, Alain Bashung craque pour les robots et les intègre à sa tournée. François sera donc de la partie. Réunion, Île Maurice, Djibouti, Canada… Ces dernières années, le chanteur sénégalais Wasis Diop s’en est servi pour une bande originale de film. Mathieu Chédid avait, lui aussi, un projet d’album et de tournée avec elles, “Automates”. Mais Stefan Eicher a présenté le même concept. “Ça nous a coupé l’herbe sous le pied”, explique François lentement. “Depuis, les machines dorment”.
“Les musiciens qui me bluffent ? Lockwood pour son énergie et sa positivité dans le jeu. Il fait décoller les gens qui jouent avec lui sur scène, il les entraîne. Encore aujourd’hui, il me fait progresser. Bashung pour sa façon d’aborder la musique et les répétitions sans aucun travail forcé, tout en douceur. Et son délire des mots”, précise t-il de la tendresse dans la voix. “Nougaro pour sa façon de jongler avec les mots. Il faisait des phrases magnifiques avec celles de la conversation que l’on venait d’avoir. Et il trouvait des mélodies tout de suite. Et puis, j’ai pris des baffes avec des artistes africains. Dès que je vais là-bas, je prends des baffes”.
Les projets aujourd’hui ne manquent pas comme un album avec Didier Malherbe et Yoshk’o Seffer, un nouveau trio de jazz africain aux rythmes mandingues, et une tournée très bientôt en Afrique avec Wasis Diop. Un nouvel album avec les Zoufris Maracas. “Comment je les ai rencontrés ? Ils jouaient dans le métro. Julio, mon voisin, me les a ramenés pour les enregistrer. Leur musique festive me plaisait bien et leurs textes sont super, contre le système “tout-pognon” et tout. À l’époque, j’étais en plein contrôle fiscal, alors leurs discours, ça me plaisait bien ! Ils sont restés pendant un an chez moi. Pendant un an, on a fait la fête… et un album ! Depuis Julio, mon voisin, est devenu leur manager.”
Lorsque d’éventuels regrets sont évoqués, François parle jazz. Ne pas en avoir fait plus. “Un regret, sans en être un. J’ai suivi les chemins qui se sont offerts à moi. Je me suis toujours beaucoup éclaté !”.